Hood By Air, le nouvel ovni du streetwear

Un ovni comme on en voit peu dans le microsome de la mode qui en a pourtant enfantés, des créateurs biscornus... Voici Hood By Air....
Un sweat HBA qui déchire !

Par Elyes Khouaja , 28 juin 2016

Un doigt d'honneur au lieu commun ! Ou comment résumer, en quelques mots, Hood By Air, ce "nouveau" nom de ce que l'on appelle aujourd'hui le luxury streetwear – comprendre : le streetwear de luxe. Un doigt d'honneur parce que HBA n'a rien de conventionnel. Impertinente, inclassable, incernable, la marque démonte les fondements de la mode, conjuguant dans son style excentrique, hip-hop et gothisme, urban et glamour, luxe et déchéance.

Banjee et néons blancs

Même les codes – sexuels – les plus basiques n'échappent pas à ce n'importe quoi esthétique, "Hood" jouant subtilement sur la confusion des genres et l'ambiguïté sexuelle. Un trait qu'Oliver Shayne, son créateur, cultive même jusqu'au choix de ces modèles d'exhibition : banjee, métro, drag-queen, bi-curieux... En somme, la prime est à l'androgynie. Une androgynie habillée façon années 90 : t-shirts et sweat extra-larges, logos imposants, graphiques épais, minishorts avec jupes amovibles, boots en cuir... Le tout saupoudré d'un léger penchant pour le bondage (pantalons écharpés, rubans...). Exemple parfait de cette excentricité, le défilé Hood By Air organisé à Paris pour la Fashion Week 2014. C'est à la Tour Montparnasse, dans le chaos d'un étage en travaux, que HBA s'exhibait en septembre dernier, loin des paillettes de la traditionnelle semaine de la mode parisienne. Comme décor – pourvu que le concept de "décor" ne soit pas trop mainstream – deux ou trois chaises à roulettes, des néons blancs, une estrade en contre-plaqué, et les entrailles apparentes de la Tour. C'est gris, c'est sombre, c'est poussiéreux, c'est parfait !

Hood By Air, nouveau prince du streetwear !

Hood By Air, nouveau prince du streetwear !

Oliver Shayne, le gourou autodidacte de Hood by Air

Et c'est par cette audace, et brin de folie, que HBA a fait son entrée dans le gotha de la mode avec une petite bouteille : huit berges exactement. Et la marque trouve sa source dans la plus propice des cités street friendly : Brooklyn, où Shayne a vendu en 2006 son premier T-shirt. La pièce était alors frappée d'un omniprésent "Hood" et vendue à une boutique "du coin", se rappelle le Trinidadien dans les colonnes du Washington Post. Et son fait d'arme ne venait pas tant de la transaction que de son montant : 75 dollars le top, dans une vitrine où le produit le plus cher se vendait à 20. C'est le début de l'aventure Hood By Air. Avec 4000 dolls' et un pote branché sur quelques couturiers dominicains – coût de main d'oeuvre oblige – Shayne lance alors une première collection.

Une éphémère embellie : ce "pote" parti, l'aventure cale, un temps. "On pensait qu'il suffisait de mettre la marchandise sur un stand pour que la magie opère, concèdait Oliver en septembre dernier dans les colonnes du Washington Post. Maintenant, on sait que ce n'est pas le cas." Ce coup d'arrêt était nécessaire. C'est une leçon de vie pour un jeunot qui a boudé les cours du Fashion Institute of Technology, se contentant de quelques art classes à la New York University durant ses années lycée. Trop peu pour se dire designer. D'ailleurs lui, de son propre aveu, ne s'est "jamais considéré designer", mais plutôt observateur autodidacte. C'est peut-être de là que Hood By Air tire son patronyme : "Une vue de l'extérieur, une vue d'oiseau, de la vie dans la communauté. Une vue aérienne du Hood"...

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